de Malée[1] ; le rocher de Sunium[2], où Minerve a un temple, et qui recèle des mines d’argent dans ses entrailles, et l’asile du promontoire de Géreste[3], sont toujours debout : nous n’avons pu pardonner aux Phrygiens un outrage difficile à supporter. Et tu as aussi part à notre gloire ; car tu habites une terre grecque[4], au pied des rochers de l’Etna, qui vomit la flamme. Docile à la raison et aux lois des mortels, accueille des suppliants échappés au naufrage ; accorde-leur les dons de l’hospitalité, donne-leur des vêtements ; et ne t’avise pas d’enfoncer dans leurs membres palpitants les broches destinées à la chair des bœufs, de repaître ta bouche et ton corps de cette abominable nourriture. Assez longtemps la terre de Priam a dépeuplé la Grèce, en s’abreuvant du sang de tant de morts versé par la lance ; assez longtemps elle a désolé les femmes par la perte de leurs époux ; les mères et les pères, accablés d’années, par la perte de leurs fils. Si tu livres au feu les restes de ces guerriers, pour en faire une affreuse pâture, quel asile nous restera-t-il ? Non, Cyclope, crois-moi, résiste à ton instinct glouton ; sois humain, au lieu d’être impie : les biens que le crime procure sont une source de malheurs.
Cyclope, je veux te donner un conseil : ne laisse pas
- ↑ Autre promontoire de Laconie, consacré à Neptune, qui y avait un temple.
- ↑ Sur le cap Sunium, voici ce que dit Pausanias, au commencement de ses Attiques : « Dans la partie du continent de la Grèce qui regarde les Cyclades et la mer Égée, s’avance Sunium, cap de l’Attique. Au bas, il y a un port, et sur la hauteur un temple de Minerve. De là il y a par mer fort peu de distance à Laurium, où étaient les mines d’argent des Athéniens. »
- ↑ Promontoire de l’Eubée, où s’élevait un temple de Neptune.
- ↑ Par les colonies que la Grèce y avait envoyées, quoique l’arrivée de ces colonies fût bien postérieure à l’époque primitive des Cyclopes.