Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/545

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de respirer, de cligner des yeux, de cracher, de peur d’éveiller le monstre avant que le feu ne soit venu à bout de l’œil du Cyclope.

Le chœur

Nous faisons silence, et nous retenons notre haleine dans nos poitrines.

Ulysse

Allons, prenez en main le tison, et entrez dans la caverne ; il est suffisamment enflammé.

Le chœur

Ne veux-tu pas régler ceux qui doivent les premiers s’armer de l’arbre en flammes et crever l’œil du Cyclope, afin d’avoir part à cette aventure ?

Demi-chœur

Pour nous, nous sommes trop loin de la porte, pour atteindre son œil avec le tison enflammé.

Demi-chœur

Et nous tout à coup nous sommes devenus boiteux.

Demi-chœur

Il vous arrive donc la même chose qu’à moi ; car tandis que je reste debout, mes pieds tout à coup entrent en convulsion sans que je sache pourquoi.

Ulysse

Debout en convulsion ?

Demi-chœur

Et nos yeux sont pleins de poussière et de cendre qui s’élèvent je ne sais d’où.

Ulysse

Hommes lâches, amis inutiles !

Le chœur

[643] C’est que nous avons pitié de notre dos et de nos épaules ; je ne me soucie pas de voir sauter les dents de ma mâchoire : est-ce là de la lâcheté ? Mais je sais une