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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/78

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Elle témoignerait sa reconnaissance à celle qui prit soin de l’élever.

Hélène

[110] Tu as raison ; je suivrai tes avis, et j’enverrai ma fille. Hermione, mon enfant, sors de ce palais, prends dans tes mains ces offrandes et ma chevelure que j’ai coupée, va sur le tombeau de Clytemnestre, et répands-y ce mélange de lait et de miel, avec ce vin écumeux ; puis monte sur le sommet du monument, et prononce ces paroles : « hélène, ta sœur te fait ces libations ; elle n’ose venir elle-même sur ta tombe, par crainte du peuple d’Argos. » Conjure-la ensuite de se montrer propice à moi, à toi, à mon époux, et à ces deux infortunés qu’un dieu a perdus. Promets-lui aussi tous les dons funéraires que je dois à une sœur. Va, ma fille, hâte-toi ; et après avoir déposé ces offrandes sur le tombeau, reviens au plus vite.

Electre
seule

[126] Ô dons de la nature ! beauté funeste aux mortels, et cependant précieuse aussi à ceux qui la possèdent ! Voyez avec quel artifice cette femme vient de couper l’extrémité de ses cheveux, sans nuire à sa beauté. Elle est toujours la femme d’autrefois ! Que la haine des dieux s’appesantisse sur toi qui m’as perdue, moi, mon frère et la Grèce entière !… Ah ! malheureuse que je suis ! — Mais voici des amies qui viennent unir leurs voix à mes accents plaintifs. Peut-être vont-elles éveiller mon frère qui repose, et faire couler de nouveau mes larmes, quand je verrai ses fureurs.

Electre