Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/85

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Infortuné, demeure tranquille sur ta couche ; tu ne vois rien de ce que tu crois voir.

Oreste

Ô Phébus ! elles vont m’immoler, ces prêtresses des enfers, ces déesses redoutables, aux visages de chien et aux regards terribles.

Electre

Non, je ne te lâcherai point, je te serrerai dans mes bras, je contiendrai tes élans furieux.

Oreste

Lâche-moi, Furie impitoyable qui me saisis par le milieu du corps pour me précipiter dans le Tartare !

Electre

Ah ! malheureuse ! quel secours espérer quand nous avons les dieux contre nous ?

Oreste

[268] Donne-moi cet arc de corne, présent d’Apollon, avec lequel il m’a dit de repousser les déesses, si elles m’épouvantaient par leurs transports frénétiques.

Electre

Une divinité peut-elle être atteinte par une main mortelle ?

Oreste

Oui, si elle ne se dérobe à ma vue N’entendez-vous pas, ne voyez-vous pas la flèche ailée qui s’échappe de l’arc inévitable ?… Eh bien ! qu’attendez-vous donc ? élancez-vous dans les airs sur vos ailes, et accusez les oracles de Phébus.

Hélas ! d’où vient le trouble qui m’agite ? pourquoi suis-je hors d’haleine ? où me suis-je élancé hors de mon lit ? — Mais enfin après la tempête je vois renaître le