Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/106

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que les songes légers. Une grande confusion règne dans les choses divines et dans les choses humaines. Une seule chose subsiste : c’est que, sans être dans le délire, il a cru aux oracles des devins, et il a péri de la mort que renaissent ceux qui en ont le secret.

Le Chœur.

Hélas ! qui nous apprendra aussi la destinée de nos parents ? vivent-ils ? sont-ils privés de la vie ?

Iphigénie.

Écoutez, étrangers ; je médite un projet qui peut vous être utile, ainsi qu’à moi. Un plan n’a jamais plus de chances de succès, que lorsqu’il rencontre l’approbation générale. Veux-tu, si je te donne la vie, retourner à Argos avec un message de ma part pour mes amis, et y porter une lettre qu’un captif touché de compassion a écrite en mon nom, convaincu que ma main était innocenté du sang qu’elle versait, et qu’il mourait victime de la loi, et de la volonté de la déesse qui justifiait ce barbare usage. Je n’ai trouvé personne jusqu’à ce jour qui pût retourner à Argos chargé de mon message, et rendre cette lettre à un de mes amis. Pour toi, qui parais être de naissance distinguée, et qui connais Mycènes et ceux que j’ai en vue, sois libre, et toi aussi tu auras une récompense qui n’est pas à dédaigner, la vie, en échange du service que tu m’auras rendu. Pour ton compagnon, puisque nos lois l’exigent, qu’il soit, seul et sans toi, la victime offerte à la déesse.

Oreste.

J’approuve tout ce que tu as dit, hors un seul point, ô étrangère ! laisser égorger cet ami serait pour moi une peine trop cruelle. Je suis le pilote qui l’embarquai sur cette mer de calamités, et il partage ma malheureuse navigation. Il n’est pas juste que je le perde pour te servir, et pour me soustraire au péril. Mais voici ce qu’il faut faire :