Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/123

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prit l’autre. Apollon, écoutant et répondant à l’accusation de parricide, me sauva par son témoignage. Pallas compta les suffrages recueillis de ses propres mains : ils se trouvèrent égaux de part et d’autre, et je sortis absous de cette accusation capitale. Celles des Euménides qui acquiescèrent à ma sentence résolurent d’avoir un temple près du lieu où l’on avait recueilli les suffrages ; celles qui furent mécontentes de ce jugement me poursuivirent sans relâche, jusqu’à ce que, revenant sur la terre sacrée d’Apollon, étendu à la porte de son temple sans prendre de nourriture, je jurai de me donner la mort, si le dieu auteur de ma perte ne devenait l’auteur de mon salut. Aussitôt, faisant entendre sa voix par le trépied d’or, Apollon m’ordonne de venir en cette contrée, pour enlever la statue descendue du ciel et la déposer sur le sol d’Athènes. Telle est la voie de salut que le dieu m’a ouverte : aide-moi à y marcher. Si, en effet, je puis m’emparer de la statue de la déesse, délivré alors de mes fureurs, je t’embarquerai sur mon navire aux rames agiles, et je te ramènerai à Mycènes. Ainsi, ô ma sœur, ô tête chérie, sauve la maison paternelle, sauve ton frère ; car je suis perdu sans ressource, et avec moi la race de Pélops, si nous n’enlevons la statue céleste de la déesse.

Le Chœur.

La colère terrible des dieux est déchaînée sur la race de Tantale, et l’accable d’infortunes.

Iphigénie.

J’ai conçu le désir, même avant ton arrivée, de retourner à Argos et de te revoir, ô mon frère. Je veux ce que tu veux toi-même, te délivrer de tes souffrances et relever de ses ruines la maison paternelle ; car je n’ai plus