Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/137

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cependant je laisse entendre le reste aux dieux, qui savent tout, et à toi, Diane.

Le Chœur.

Le noble fils que Latone enfanta jadis dans les fertiles vallées de Délos, le blond Phébus, habile à jouer de la lyre, et Diane adroite à lancer le javelot, quand leur mère quitta les bords tranquilles du lac illustré par son enfantement, furent transportés des rochers de son île battue par les vagues sur la cime du Parnasse, théâtre des mystères de Bacchus, où un dragon à la peau tachetée, aux yeux sanglants, comme un gardien couvert d’une armure d’airain, monstre enfanté par la Terre, veillait à l’ombre d’un laurier touffu, sur l’oracle souterrain. Encore enfant, encore dans les bras de ta mère, tu le tuas, ô Apollon, et tu t’emparas des oracles divins : tu sièges sur le trépied d’or, trône d’où jamais ne sort le mensonge, et tu dévoiles aux mortels tes oracles qui partent des entrailles du sol ; ton sanctuaire, voisin de la fontaine Castalie, est situé au centre de la terre. Mais après qu’il eut attaqué Thémis, fille de la Terre, et qu’il l’eut dépossédée des oracles divins, la Terre ténébreuse enfanta les fantômes des songes, qui annonçaient aux mortels, pendant leur sommeil, le passé, le présent et l’avenir, du sein des cavernes souterraines ; et, partageant le ressentiment de sa fille, elle ravit a Apollon le don de prédire l’avenir. Aussitôt Apollon s’élance vers l’Olympe, et, du trône de Jupiter, il agite sa main enfantine, comme pour chasser du temple Pythien la colère de la Terre et les oracles nocturnes. Jupiter sourit de l’empressement de son