Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/368

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Hélène.

Est-ce le déshonneur d’Hélène qui l’a fait mourir ?

Teucer.

On le dit ; elle s’est suspendue à un lacet fatal.

Hélène.

Les fils de Tyndare sont-ils encore au nombre des vivants ?

Teucer.

Oui et non ; il y a sur eux un double récit

Hélène.

Quel est le meilleur ? Ah ! malheureuse que je suis !

Teucer.

On dit que, changés en astres, ils sont devenus dieux,

Hélène.

Voilà qui est bien. Et quel est l’autre ?

Teucer.

On prétend qu’ils se sont donné la mort à cause de leur sœur. Mais c’est assez de paroles ; je ne veux pas renouveler mes douleurs. Le motif qui m’amène à cette demeure royale est le désir de voir la prophétesse Théonoé ; aide-moi à la trouver, afin que ses oracles m’enseignent de quel côté je dois diriger ma course, pour aborder heureusement dans l’île de Chypre, où Apollon m’a promis un asile auquel je donnerais le nom de Salamine[1], en mémoire de ma première patrie.

Hélène.

Étranger, tu sauras bien trouver ta route ; mais fuis cette terre avant que le fils de Protée, qui règne en ce pays, ne t’ait vu : il est à la chasse avec ses chiens ardents à poursuivre les animaux sauvages. Il fait périr tous les Grecs qui tombent en sa puissance. Quant au motif de

  1. Ambiguam tellure nova Salamina futuram.
    Horace, I, Ode 7.