Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/370

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cris douloureux ont retenti ; j’ai entendu un bruit plaintif, semblable aux tristes gémissements d’une Nymphe ou d’une Naïade solitaire, dont la voix lamentable rappelle son époux qui a fui dans les montagnes, et fait résonner sous les grottes champêtres les regrets de ses amours.

Hélène.

Hélas ! hélas ! jeunes Grecques, qui êtes devenues la proie d’un pirate barbare, un Grec, arrivé en ces lieux à travers les mers, m’a apporté d’éternels sujets de larmes, la ruine d’Ilion, livrée aux flammes à cause de moi, auteur de tant de massacres, à cause de mon nom fatal. Léda n’a pu supporter le déshonneur de sa fille, elle s’est pendue de désespoir. Mon époux est mort après avoir longtemps erré sur les mers ; mes frères, Castor et Pollux, noble couple, ornement de leur patrie, ont disparu de la terre ; ils ont quitté les champs où retentissaient les pas de leurs coursiers, et les bords de l’Eurotas couverts de roseaux, théâtre de leurs jeux brillants.

Le Chœur.

Hélas ! hélas ! ô Hélène, que ton sort est funeste, que ta destinée est cruelle ! Une vie bien malheureuse t’échut en partage, lorsque Jupiter t’engendra en volant du haut du ciel dans les bras de ta mère, sur les ailes d’un cygne blanc comme la neige. Quel malheur te manque-t-il ? Ta mère n’est plus ; les jumeaux chéris de Jupiter ont perdu leur bonheur ; tu vis loin du sol de ta patrie, et la renommée publie que tu t’es livrée aux embrassements d’un Barbare. Ton époux a perdu la vie dans les flots ; ta vue ne réjouira plus le palais de tes pères et le temple d’airain de Minerve.

Hélène.

Hélas ! hélas ! lequel des Phrygiens, lequel des Grecs a fait tomber ce pin funeste, sur lequel le fils de Priam