Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/382

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cet homme ? suis-je entourée de piéges par le fils impie de Protée ? Courons vers le tombeau, avec l’agilité d’une Bacchante ou d’une cavale rapide. Qu’il a l’air farouche, il me poursuit comme un chasseur.

Ménélas.

Toi qui cours avec tant d’empressement vers ce tombeau où brûlent de saintes offrandes, arrête ; pourquoi fuir ? rien n’égale la surprise et le saisissement que j’éprouve à ta vue.

Hélène.

Ô femmes, il porte les mains sur moi ; il veut m’arracher de ce tombeau, et me livrer au tyran dont je fuis l’hymen.

Ménélas.

Je ne suis point un ravisseur, et je ne sers point les méchants.

Hélène.

Ton corps est vêtu de lambeaux bien informes.

Ménélas.

Cesse de craindre, arrête tes pas fugitifs.

Hélène.

Je m’arrête, car je touche l’asile sacré.

Ménélas.

Qui es-tu, femme ? quels traits ont frappé ma vue ?

Hélène.

Toi-même, qui es-tu ? j’ai la même chose que toi à dire.

Ménélas.

Non, jamais je n’ai vu de ressemblance plus parfaite.

Hélène.

Ô dieux ! car c’est un bienfait des dieux[1] de reconnaître ses amis.

  1. Le grec dit : « c’est un dieu. » Expression semblable à celle de Pline,