Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/387

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Hélène.

Tout mon corps frémit de joie, et en même temps je verse des larmes ; je presse mon époux dans mes bras, et je retrouve mon bonheur perdu. Ô mon époux ! ô doux aspect !

Ménélas.

Je ne me plains plus de mon sort ; je possède la fille de Jupiter et de Léda, celle dont les deux frères aux blancs coursiers honorèrent jadis l’hymen en portant les torches nuptiales, celle que les dieux m’avaient ravie.

Hélène.

Les dieux nous envoient un sort meilleur. Ton voyage périlleux, mais enfin prospère, nous a réunis, ô mon époux, quoique bien tard ; cependant puisse la fortune me sourire !

Ménélas.

Oui, qu’elle te soit favorable ! Je fais les mêmes vœux. Dieux ! exaucez sa prière ; de nos deux cœurs l’un ne peut être malheureux sans que l’autre partage sa misère.

Hélène.

Chères amies, nos maux passés ne sont plus rien, nous n’en souffrons plus : je possède enfin mon époux, dont j’ai attendu le retour de Troie depuis tant d’années.

Ménélas.

Nous sommes enfin l’un à l’autre. Après tant de jours passés dans la peine, la fraude de Junon s’est dévoilée. Mais à présent mes larmes sont de la joie ; elles me donnent plus de plaisirs que de douleurs.

Hélène.

Ô dieux ! qui l’eût jamais espéré ? contre toute attente, je te sens sur mon cœur.

Ménélas.

Et moi qui t’avais crue partie vers la ville de l’Ida,