Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/388

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vers les tours de la malheureuse Ilion ! Au nom des dieux, comment as-tu été enlevée de mon palais ?

Hélène.

Hélas ! hélas ! quel amer souvenir tu réveilles ! quel amer récit tu demandes !

Ménélas.

Parle ; il faut connaître toutes les faveurs des dieux.

Hélène.

J’ai en horreur ce récit douloureux.

Ménélas.

Fais-le moi cependant ; le récit des maux passés n’est pas sans charme.

Hélène.

Ce n’est pas vers la couche d’un jeune étranger qu’un navire ailé m’a conduite ; l’amour ne m’a pas portée sur ses ailes vers un hymen coupable.

Ménélas.

Quel dieu ou quel destin t’a enlevée à ta patrie ?

Hélène.

Le fils de Jupiter me porta sur les bords du Nil.

Ménélas.

Ô prodige ! ô étrange récit !

Hélène.

Mes yeux se remplissent de larmes : l’épouse de Jupiter m’a perdue.

Ménélas.

Junon ? à quels maux voulait-elle te livrer ?

Hélène.

Sources sacrées de l’Ida, fraîches fontaines où les trois déesses parèrent leur beauté, de là partit le jugement qui me fut si fatal.