vers les tours de la malheureuse Ilion ! Au nom des dieux, comment as-tu été enlevée de mon palais ?
Hélas ! hélas ! quel amer souvenir tu réveilles ! quel amer récit tu demandes !
Parle ; il faut connaître toutes les faveurs des dieux.
J’ai en horreur ce récit douloureux.
Fais-le moi cependant ; le récit des maux passés n’est pas sans charme.
Ce n’est pas vers la couche d’un jeune étranger qu’un navire ailé m’a conduite ; l’amour ne m’a pas portée sur ses ailes vers un hymen coupable.
Quel dieu ou quel destin t’a enlevée à ta patrie ?
Le fils de Jupiter me porta sur les bords du Nil.
Ô prodige ! ô étrange récit !
Mes yeux se remplissent de larmes : l’épouse de Jupiter m’a perdue.
Junon ? à quels maux voulait-elle te livrer ?
Sources sacrées de l’Ida, fraîches fontaines où les trois déesses parèrent leur beauté, de là partit le jugement qui me fut si fatal.