Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/390

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Hélène.

Et moi, infortunée, objet de la haine générale, une déesse m’enlève à ma patrie, à mon époux, parce que j’ai quitté, sans l’avoir voulu, ma maison et ma famille pour un hymen honteux.

Le Chœur.

Si à l’avenir vous jouissez d’un sort prospère, il compensera vos souffrances passées.

Le Messager.

Ô Ménélas ! permets que je prenne aussi part à votre joie, quoique je n’en connaisse qu’imparfaitement le sujet.

Ménélas.

Oui, vieillard, tu peux aussi te mêler à notre entretien.

Le Messager.

Celle-ci n’est-elle pas l’auteur des maux que nous avons eu à souffrir devant Troie ?

Ménélas.

Ce n’est pas elle ; les dieux nous trompaient ; un fantôme aérien abusait nos sens.

Le Messager.

Que dis-tu ? nous avons subi tant de travaux pour un vain fantôme ?

Ménélas.

Triste effet de la vengeance de Junon, et de la querelle des trois déesses.

Le Messager.

Voilà donc ta véritable épouse ?

Ménélas.

C’est elle-même, tu peux m’en croire.

Le Messager.

Ô ma fille, combien la fortune est une déesse inconstante, variable et mobile ! L’un souffre, l’autre, sans avoir souffert, meurt misérablement. Toi et ton époux, vous