Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/399

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aux dieux avec les cérémonies prescrites, reportez dans le palais la flamme du foyer sacré.

Eh bien ! Hélène, reconnais-tu la vérité de mes prédictions ? Voici ton époux, Ménélas, privé de ses vaisseaux, séparé du fantôme qu’il prit longtemps pour toi. Infortuné ! échappé à tant de périls, tu ignores si tu dois revoir ta patrie ou finir ta vie en ces lieux. La discorde règne parmi les dieux, et une assemblée est convoquée aujourd’hui dans le palais de Jupiter, pour délibérer sur toi. Junon, qui jusqu’ici fut ton ennemie, t’est devenue favorable, et veut te rendre à ta patrie avec Hélène, afin que la Grèce apprenne que l’épouse donnée en récompense à Pâris par Vénus n’était qu’un fantôme trompeur. Mais Vénus veut empêcher ton retour, pour qu’on ne puisse point lui reprocher d’avoir acheté le prix de la beauté par le fallacieux hymen d’Hélène. C’est de moi que ton sort dépend ; je puis satisfaire Vénus et te perdre en te découvrant à mon frère, ou me mettre du parti de Junon et sauver tes jours à l’insu de mon frère, qui m’a ordonné de l’instruire de ton arrivée en cette contrée. Qui va donc lui annoncer la présence de Ménélas, pour me mettre à l’abri de son ressentiment ?

Hélène.

Ô vierge, je tombe à tes pieds en suppliante ; je t’implore pour moi-même et pour mon époux, que je suis menacée de voir périr au moment où je le retrouve. Ne révèle point à ton frère que je l’ai reçu dans mes bras ; sauve-le, je t’en conjure. Ne sacrifie pas à ton frère les devoirs de la piété, et n’achète pas à ce prix son injuste et perverse reconnaissance. Car Dieu hait la violence et nous défend de nous enrichir par la rapine. On doit mépriser

    saient parfumer avec de la poix-résine, et au milieu du jour avec de la myrrhe.