Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/404

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fuite, au milieu d’une terre barbare et qui nous est inconnue ?

Ménélas.

En effet, c’est impossible. Voyons si je ne pourrais pas me cacher dans le palais, et tuer le roi avec ce glaive acéré ?

Hélène.

Sa sœur ne le souffrirait pas ; elle ne garderait pas le silence, si tu devais tuer son frère.

Ménélas.

Mais nous n’avons pas même de vaisseau pour seconder notre fuite ; celui qui nous a portés est englouti dans la mer.

Hélène.

Écoute, si une femme peut ouvrir un sage avis : veux-tu passer pour mort, sans l’être en effet ?

Ménélas.

C’est un fâcheux présage ; mais si cette feinte peut nous être profitable, je suis prêt à passer pour mort.

Hélène.

J’exciterai la pitié de ce roi impie par mes lamentations et par ma tête rasée.

Ménélas.

En quoi cela peut-il être pour nous un moyen de salut ? Il y a là une simplicité par trop antique.

Hélène.

En te supposant mort dans les flots, je lui demanderai la faveur de t’ensevelir dans un cénotaphe.

Ménélas.

Je suppose qu’il t’accorde ; comment fuirons-nous sans vaisseau, en mettant mon corps dans un cénotaphe ?