Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/406

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bord été fâcheuse. C’est à ta misère que nous devrons notre salut,

Ménélas.

Dois-je te suivre dans le palais, ou dois-je rester tranquille auprès de ce tombeau ?

Hélène.

Demeure ici ; car si le tyran voulait te maltraiter, tu serais protégé par cet asile et par ton épée. Pour moi, j’entre dans le palais ; je vais couper les boucles de mes cheveux, revêtir des vêtements noirs et lugubres, et faire ruisseler le sang de mes joues. Cet instant critique va décider de mon sort : il faut que je meure si ma ruse est découverte ; sinon, je rentre dans ma patrie et je sauve mon époux. Vénérable Junon, épouse de Jupiter, soulage les maux de deux mortels infortunés ! Nous t’implorons, nous tendons des mains suppliantes vers le brillant séjour des astres, que tu habites. Et toi, Vénus, fille de Dioné, qui dus le prix de la beauté à l’amour que Pâris conçut pour moi, cesse de conjurer ma perte ; contente-toi des maux que tu m’as fait souffrir en livrant mon nom, sinon ma personne, aux Barbares. Si tu veux me faire périr, que du moins je meure dans ma patrie, Es-tu donc insatiable de maux ? pourquoi susciter les amours, les trahisons et les passions funestes qui ensanglantent les familles ? Si tu exerçais ton empire avec plus de douceur, tu serais pour les mortels la plus aimable des déesses.

(Elle entre dans le palais.)

Le Chœur.

Chantre harmonieux, dont la voix mélodieuse fait résonner les bosquets touffus des vallons et les retraites sacrées des Muses, viens, rossignol plaintif, prête-moi tes doulou-