Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/411

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Théoclymène.

Ô Priam ! ô terre de Troie ! que votre perte a été vaine !

Hélène.

Moi aussi, j’ai eu ma part dans l’infortune des Priamides.

Théoclymène.

Cet homme a-t-il laissé ton époux sans sépulture, ou l’a-t-il enseveli dans la terre ?

Hélène.

Il est resté sans sépulture, et c’est ce qui redouble mon affliction.

Théoclymène.

C’est donc pour ce motif que tu as coupé les tresses de ta blonde chevelure ?

Hélène.

Il n’en est pas moins mon époux chéri, même dans le séjour des ombres.

Théoclymène.

Est-ce des larmes sincères que t’arrache ce malheur ?

Hélène.

Si ta sœur mourait, serais-tu donc insensible à sa perte ?

Théoclymène.

Non certes ; mais continueras-tu à habiter ce tombeau ?

Hélène.

Pourquoi me harcèles-tu ainsi et ne laisses-tu pas le mort tranquille ?

Théoclymène.

Sans doute tu restes fidèle à ton époux, et tu t’obstines à me fuir.

Hélène.

Non ; désormais je me rends à tes vœux.

Théoclymène.

Consentement tardif, qui cependant me comble de joie.