Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/423

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Théoclymène.

S’est-elle enlevée dans les airs, ou est-elle partie à pied ?

Le Messager.

Ménélas l’a enlevée par mer, lui qui était venu annoncer lui-même sa propre mort.

Théoclymène.

Étrange nouvelle ! mais sur quel vaisseau a-t-il pu l’emmener ? ce que tu dis là est incroyable.

Le Messager.

Sur le vaisseau que tu as donné toi-même à l’étranger, et avec tes matelots, pour te dire la chose en quelques mots.

Théoclymène.

Comment ? explique-toi ; je ne puis comprendre qu’un seul homme ait pu se rendre maître d’un si nombreux équipage, dont tu faisais partie.

Le Messager.

Lorsque, au sortir du palais, la fille de Jupiter s’est avancée vers la mer avec une démarche modeste, dans une dissimulation profonde, elle pleurait la mort de son époux, qui était près d’elle et plein de vie. Arrivés dans le port, nous avons choisi la meilleure galère sidonienne à cinquante rames, pour la mettre en mer ; chacun s’est aussitôt mis à l’œuvre : l’un dresse le mât, l’autre dispose les rames ; on adapte les voiles, et le gouvernail tourne sur son pivot, Pendant que nous étions ainsi occupés, des Grecs, qui observaient nos mouvements, s’approchent du rivage ; c’étaient les compagnons de Ménélas, couverts des lambeaux du naufrage, beaux de visage, mais d’un aspect repoussant. Aussitôt qu’il les aperçoit, le fils d’Atrée leur adresse la parole avec une feinte tristesse : « Ô Grecs infortunés, comment et sur quel vaisseau avez-vous fait naufrage ?