Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/428

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tirais pas. Il est glorieux à des esclaves généreux de mourir pour leurs maîtres[1].

Les Dioscures[2].

Théoclymène, roi de ce pays, calme la colère qui t’égare. Entends la voix des Dioscures, fils de Léda et frères d’Hélène, qui a fui de ton palais. Tu te courrouces contre un hymen que le destin ne t’a pas réservé. La vierge, fille d’une Néréide, ta sœur Théonoé, ne t’a fait aucun tort ; elle a respecté les dieux et la justice, elle a obéi aux ordres de ton père. Il fallait que la fille de Tyndare habitât ton palais jusqu’à ce jour : maintenant que Troie est renversée, et que le nom d’Hélène a servi la colère des dieux, elle ne peut plus rester sous le joug de ton hymen, elle doit retourner dans sa patrie et vivre avec son époux. Garde-toi d’armer ton bras contre ta sœur vertueuse ; sache que sa conduite a été dictée par la sagesse. Depuis longtemps nous aurions délivré notre sœur, puisque Jupiter nous a mis au rang des dieux ; mais il nous a fait inférieurs au Destin et aux dieux, à qui il a plu que cela fût ainsi. Voilà, Théoclymène, ce que j’avais à te dire.

Et toi, ma sœur, traverse les mers avec ton époux : les vents vous seront favorables. Comme deux divinités tutélaires, du haut des cieux tes deux frères sur leurs coursiers t’accompagneront jusqu’au rivage de ta patrie. Et lorsque tu termineras ta vie, tu seras au nombre des divinités ; on t’offrira des sacrifices ainsi qu’aux Dioscures, et tu partageras avec nous les offrandes des mortels : telle est la volonté de Jupiter. Le lieu où le fils de Maïa se reposa

  1. On se rappelle que le Chœur est composé de Grecques captives.
  2. Castor et Pollux.