C’est ici qu’il faut le faire périr, afin de pouvoir nier le meurtre.
Ah ! je goûte d’avance le plaisir de la vengeance.
Et ton époux ignorera que tu sais ce qu’il veut te cacher.
Sais-tu ce qu’il faut faire ? Reçois de ma main ce flacon en or, antique ouvrage de Minerve ; va dans le lieu où mon époux sacrifie en secret, et, sur la fin du festin, lorsqu’ils se disposeront à faire les libations aux dieux, verse ce poison dans la coupe du jeune homme, à lui seul, et non aux autres : réserve-le à celui qui prétend devenir maître de mon palais. S’il touche à ce breuvage, jamais il ne verra la célèbre Athènes ; mais il mourra ici.
Rends-toi dans la maison des proxènes[1]. Pour moi, j’exécuterai ce que tu m’as prescrit. Et vous, membres débiles, reprenez votre ancienne vigueur[2]. Marchons contre l’ennemi de nos maîtres ; aidons-les à le faire périr, et à délivrer leur maison. Il est beau, dans la prospérité, d’être fidèle à la vertu ; mais, lorsqu’on veut frapper un ennemi, aucune loi ne doit arrêter notre bras.
Fille de Cérès, divine Hécate qui règnes sur les spectres nocturnes et sur les fantômes du jour, verse toi-même la coupe empoisonnée, et dirige les pas du vieillard envoyé par