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ION.

Créuse

Son épée et son bouclier, voilà tout ton héritage.

Ion

Quitte cet autel et un séjour plein du dieu.

Créuse

C’est à ta mère qu’il faut donner de pareils avis.

Ion

Ne porteras-tu pas la peine d’un attentat homicide ?

Créuse

Tu n’as qu’à me tuer dans l’intérieur même du temple.

Ion

Quel plaisir trouves-tu à mourir au milieu des couronnes qui couvrent l’autel ?

Créuse

Je rendrai peine pour peine à ceux qui me persécutent.

Ion

Ah ! c’est une chose déplorable que les lois données aux mortels par les dieux ne soient pas plus justes et plus sages ! Les coupables n’auraient pas dû trouver asile au pied des autels, on devrait les en exclure. Il n’est pas bien qu’une main criminelle touche ce qui est consacré aux dieux ; c’est aux justes, c’est à la vertu outragée qu’il appartenait de prendre place dans les lieux saints ; il ne fallait pas qu’en ce même lieu l’innocent et le coupable eussent les mêmes droits devant les dieux[1]

La Pythie

Arrête, mon fils, je quitte le trépied prophétique, et je franchis cette enceinte, moi, prêtresse d’Apollon, élue en-

  1. Au moment où Ion se dispose à porter les mains sur Créuse, la Pythie paraît et le retient.