Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 2.djvu/94

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couvrait de ses vêtements, observait et parait les coups, et lui rendait tous les soins d’un ami dévoué. L’étranger, revenu à lui, se relève, et, à l’aspect de cette nuée d’ennemis et de l’orage qui les menace, il gémit ; nous ne cessions de lancer des pierres, en les pressant de toutes parts. Alors nous entendîmes ces paroles terribles : « Pylade, nous mourrons, mais mourons avec gloire ; prends ton épée et suis-moi. » Quand nous vîmes les deux épées nues, toute notre troupe en fuite couvrait les bois d’alentour ; mais tandis que les uns fuyaient, les autres recommençaient l’attaque ; et lorsque ces derniers étaient repoussés, les fuyards revenaient sur leurs pas, et faisaient à leur tour voler les pierres. Mais chose incroyable ! de tant de bras réunis, nul ne pouvait atteindre les victimes destinées à la déesse. C’est avec peine, et non à force ouverte, que nous sommes venus à bout de les prendre ; nous les avons enveloppés, et nous leur avons fait tomber les épées des mains à coups de pierres. Épuisés de fatigue, leurs genoux fléchissent jusqu’à terre. Nous les conduisons au roi de ce pays ; après un regard jeté sur eux, il te les envoie aussitôt, pour les soumettre aux ablutions, et les immoler. Souhaite, jeune fille, d’avoir souvent de pareilles victimes à immoler ; en versant leur sang, tu puniras la cruauté des Grecs, et tu vengeras ton sacrifice accompli en Aulide.

Le Chœur.

Tu as dit des choses surprenantes de cet étranger, quel qu’il soit, qui est apparu de la Grèce sur cette mer inhospitalière.

Iphigénie.

C’est bien. Va, et amène les étrangers. J’aurai soin du reste.

il sort