Page:Europe (revue mensuelle), n° 143, 11-1934.djvu/76

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intentions pacifiques. Aujourd’hui, ce sont presque les mêmes hommes qui détiennent encore le pouvoir, derrière eux les mêmes puissances malfaisantes qui s’abritent, qui trafiquent. Nous ne sommes pas tous engourdis, nous pouvons connaître sans illusions notre destin — nous restons seulement un peu ignorants des nouvelles techniques de guerre, les grandes manœuvres aériennes ou terrestres ne peuvent nous en donner qu’une pauvre idée. En être là, c’est plus qu’un fiasco !

Nous n’avons que lentement pris conscience de nos erreurs, des tromperies dont nous avions été victimes. Quant à nos maîtres, pendant la guerre, et après, ils étaient fixés sur les buts qu’ils se proposaient d’atteindre ; ils n’avaient pas à s’interroger, piétiner. Comment n’auraient-ils pas eu sur nous l’avantage de l’action — ils possédaient aussi les moyens matériels qui nous manquent — du moins ce qui semblait être action, mouvement. Aujourd’hui, nous savons clairement à quels jeux ils se sont livrés ; que leur seul but n’est pas d’éviter une nouvelle guerre, mais seulement de sauver leurs biens, de conserver leur puissance et celle des groupes occultes dont ils dépendent. Qu’on ne dise pas qu’il en est autrement ; car, alors, nous ne serions pas de nouveau devant la guerre ; qu’on ne rejette pas les fautes sur le voisin, les fautes sont immenses dans chaque camp.

Nous avons mis presque vingt années à y voir clair. Mais, autour de nous, ce n’était que ténèbres. Dans mes plus lointains souvenirs, ceux de l’école communale, je trouve le mensonge ; dès mon « entrée dans la vie », la guerre, et encore le mensonge, le plus criminel de tous. Impossible de supporter toujours en silence cette monstrueuse tromperie, de ne pas souhaiter la victoire de ceux qui la combattent, de ne pas participer soi-même, avec ses propres armes, au combat ? Tous les progrès que j’ai pu faire au cours de ces vingt ans ne m’ont pas donné