Page:Europe (revue mensuelle), n° 96, 12-1930.djvu/123

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alors tout son être devint aussi petit que celui de Zamfir. La même impression, ses hôtes l’eurent encore lorsqu’il alla, par crânerie, caresser la tête de son magnifique cheval : il n’y parvint que du bout des doigts.

— Bonjour tout le monde ! fit-il s’inclinant de loin, comme un rat debout, et souriant de toutes ses rides, assez sympathiques.

« Tout le monde », — qui l’attendait sur le seuil de la maison, — c’étaient : les époux Vadinoï, la sœur Catherine, Minnka et les deux enfants Zamfir et Toudorel.

On le fit entrer, avec les égards dus à sa fortune et à son intention, cependant que Minnka s’effaçait, selon la coutume et pour aller à la cuisine préparer les boissons traditionnelles. La maison, fraîchement blanchie à la chaux, était parée pour la circonstance : tapis, couvertures, draps, essuie-main, nappes, — beaux ouvrages rustiques, sortis de la main de Minnka — étaient étalés un peu partout, dans les deux grandes pièces. Sima ne manqua pas de les admirer, l’air supérieur, et dit :

— De tout cela, elle en trouvera chez moi dix fois autant, pour ne plus parler du reste !

Les Vadinoï le considéraient avec déférence ; Catherine, avec une stupéfaction adroitement dissimulée. Les enfants étaient, par ordre, à la cuisine, où, devant leur chère Tsatsa Minnka, Zamfir apprenait à Toudorel qui était « cet » homme :

— Tu sais, il s’appelle Sima, mais tout le monde lui dit, dans le dos : Fessaterre et Pètenbotte, parce qu’il a son derrière tout près de ses bottes et de la terre.

Minnka apporta, sur un grand plateau, les cuillerées de fruits confits, les verres de liqueur et les cafés turcs. Elle servit d’abord son prétendant, puis les