Page:Europe (revue mensuelle), n° 98, 02-1931.djvu/86

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Les autres ne furent qu’à moitié étonnés. Catherine approuva son amie d’un regard exalté. À son tour, elle embrassa son pêcheur, un gars dont les propos et les histoires de pêche divertissaient tout le monde.

Minnkou était furieux. Dans sa rage, il ne savait que tourmenter sa moustache, alors que le sang lui affluait sous la peau. Il voulut se lever et partir, Minnka le retint. Cela amusait bien les assistants, tous, des gaillards adorant amicalement Tsatsa-Minnka et compatissant à son sort.

Elle sortit un instant, revint accompagnée d’une avalanche de grillades et d’une cruche de péline de cinq litres. Tout fut soufflé, le temps de s’essuyer un œil. On répéta le tout.

Vers midi, tous étaient ivres, et Sima plus que tous. Il faisait pitié. Et on ne sut jamais si ce fut par pitié ou pour quelque autre raison que Minnka, se levant, appela son mari, dans un coin de la pièce où elle se tenait debout. Chacun crut qu’on allait assister à une scène d’épanouissement conjugal : embrassades, caresses comiques.

Il n’en fut rien. Elle saisit son mari par le cou et le serra contre elle, — et l’on put voir que la tête de Sima arrivait à peine à l’épaule de sa femme, — puis, elle dit, étranglée.

— Regardez, amis ! Ça, c’est mon « barbatt ! »

Et comme elle ajoutait : « C’est mon père qui me l’a donné », elle lui fit un croc-en-jambe, le jetant sur le sol, comme une planche. Là-dessus, elle se précipita sur son dos et lui tapota durement les fesses, répétant :

Mon « barbatt » ! Mon « barbatt » !

Tout le monde se sauva, épouvanté.

Quelques minutes plus tard, Minnka et Catherine, accompagnées de Zamfir et de Toudorel, sortaient