Page:Europe (revue mensuelle), n° 98, 02-1931.djvu/90

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En attendant le départ, les deux couples passèrent une demi-heure de songeries, dans une clairière voisine. Les deux hommes restaient assis, chacun gardant sur ses genoux la tête de son amie, qui sommeillait, allongée, face au soleil couchant.

C’est une scène qui fait partie des plus aimables mœurs orientales. Elle consiste à se caresser réciproquement les cheveux, l’un prenant à tour de rôle la place de l’autre.

Ce n’est d’ailleurs pas une caresse qu’on fait à la chevelure. C’est une recherche minutieuse, attentive, passionnée, qui peut durer des heures. Des doigts fiévreux écartent sans cesse les cheveux, en y faisant de nombreuses raies. Des mains brûlantes retournent la tête de tous côtés, recommençant inlassablement.

Qu’est-ce qu’on y fait ? Que veut-on de cette tête qui se laisse faire, sous le charme d’une volupté partagée ?

On ne le sait pas. Mais la chanson dit :

Sur ses genoux, elle est couchée,
Tandis qu’il lui fouille dans la tête :
Qu’il la lui fouille, ce n’est pas un péché,
Car il en est bien amoureux !


L’INONDATION


Un vieux pêcheur d’écrevisses, au regard doux, à la moustache épaisse, allant à sa besogne, passait tous les matins « chez Sima ». C’était le premier client de la taverne, celui qui y pénétrait en même temps que l’air frais de l’aube, au moment