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il entendit s’ouvrir une porte de la bonzerie ; il s’arrêta tout court, et se sauva dans les coulisses, en nous disant qu’il y aurait de l’inconvénient à ce que le peuple aperçût un mandarin contrefaisant les comédiens.

Nous profitâmes de ce moment pour nous lever. Bientôt tous les gens de l’escorte qui, la veille, avaient dû se disperser et chercher un gîte pour passer la nuit, se trouvèrent réunis ; les porteurs de palanquins et les portefaix arrivèrent aussi, et on se disposa au départ. Le gros bourg de Yao-tchang est bâti sur les bords du fleuve Bleu, dont nous pouvions apercevoir le cours majestueux et tranquille du haut du théâtre de la bonzerie. Quoique nous eussions déjà protesté une fois contre la navigation, nous voulûmes faire encore une tentative, et voir s’il n’y aurait pas possibilité d’aller par eau un peu plus commodément et agréablement que la première fois. Dans un long voyage il n’est rien d’insupportable comme d’aller toujours de la même manière, cette uniformité finit par devenir accablante ; le palanquin a, sans doute, ses agréments qui ne sont pas à dédaigner ; mais tous les jours se trouver enfermé dans une cage, et se balancer sur les épaules de quatre malheureux qu’on voit suer de fatigue et souffler d’épuisement, est une chose à laquelle il nous était difficile de nous accoutumer.

Nous proposâmes donc à nos conducteurs de faire l’étape par eau. L’idée fut accueillie avec enthousiasme, et, de peur d’un contre-ordre, tout le monde courut vite au port pour s’occuper au plus tôt de l’embarquement. Comme on savait que nous avions en horreur les tergiversations et les retards, on y mit