Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Le 6 janvier 1827, j’arrivai à Tse-liou-tsing (c’est-à-dire puits coulant de lui-même), après une marche de dix-huit lieues, faite avec mes gros souliers à crampons de fer d’un pouce de hauteur, à cause de la boue qui rendait le chemin glissant. Cette petite chrétienté ne contient que trente communiants ; mais j’y trouvai la plus belle merveille de la nature et le plus grand effort de l’industrie humaine que j’aie rencontrés dans mes longs voyages, c’est un volcan maîtrisé.

« Cet endroit est dans la montagne, au bord d’un petit fleuve ; il contient, comme Ou-tong-kiao, des puits de sel creusés de la même manière, c’est-à-dire avec un éperon ou tête de fer crénelée en couronne, lourde de trois cents livres et plus. Il y a plus de mille de ces puits ou tubes qui contiennent de l’eau salée. En outre, chaque puits contient un air inflammable que l’on conduit par un tube de bambou ; on l’allume avec une bougie, et on l’éteint en soufflant vigoureusement. Quand on veut puiser de l’eau salée, on éteint le tube de feu ; car, sans cela, l’air montant en quantité avec l’eau ferait l’explosion d’une mine. Dans une vallée se trouvent quatre puits, qui donnent du feu en une quantité vraiment effroyable, et point d’eau ; c’est là, sans doute, le centre du volcan. Ces puits, dans le principe, ont donné de l’eau salée ; l’eau ayant tari, on creusa, il y a une douzaine d’années, jusqu’à trois mille pieds et plus de profondeur, pour trouver de l’eau en abondance. Ce fut en vain ; mais il sortit soudain une énorme colonne d’air qui s’exhala en grosses particules noirâtres. Je l’ai vu de mes yeux ;