Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/391

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notre domestique, Wei-chan, qu’il pouvait aussi installer dans un coin son petit mobilier. Pendant que nous étions tranquillement occupés de ces dispositions, les gens du tribunal allaient, venaient sans jamais nous adresser la parole, se contentant d’interroger maître Ting, qui répondait à chacun par de petites courbettes, mais sans rien dire, de peur sans doute de se compromettre ou avec nous, ou avec les autorités du lieu.

Enfin la salle des hôtes s’ouvrit. Le préfet entra par un bout, et nous par l’autre. Après nous être salués profondément, nous allâmes nous asseoir ensemble sur un divan. On apporta immédiatement du thé, et quelques belles tranches de pastèque. La conversation ne marchait pas avec aisance ; heureusement que nous pouvions nous tirer un peu d’embarras en nous occupant, le préfet de sa tasse de thé, et nous de nos tranches de melon d’eau. Le magistrat de I-tchang-fou, s’apercevant que nous avions un goût prononcé pour ce fruit si rafraîchissant, essaya de s’en servir comme d’une amorce pour nous chasser de chez lui, et nous faire aller au logis qu’il nous avait désigné. — Avec la chaleur qu’il fait, dit-il, ce fruit est excellent. — Oh ! délicieux ! — Je vais vous en faire choisir deux et je vous les enverrai au palais communal ; vous avez vu, je pense, le palais communal ? j’avais donné ordre de vous y conduire. — On nous a bien menés quelque part, à un certain endroit humide, délabré et déjà envahi par les rats… nous ne pouvons pas loger là dedans. — Oui, on m’a dit que cela n’était pas très-sec, et c’est un avantage pendant l’été, parce que l’humidité entretient la fraîcheur ; d’ailleurs, c’est le meilleur endroit que nous ayons pour les