Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/392

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hôtes. I-tchang-fou est une grande ville, c’est vrai, malgré cela elle est très-pauvre ; on n’y trouve pas de bons logements… ; vous pouvez interroger l’assistance. — Mais, nous ne prétendons pas le contraire ; nous sommes persuadés que I-tchang-fou est une pauvre ville, nous disons seulement que nous ne pouvons pas aller loger là-bas. — Dans ce cas, ajouta le préfet de fort mauvaise humeur, voulez-vous loger dans ma maison ? Puisqu’il avait la courtoisie de nous inviter à rester chez lui, il fallait, pour bien observer les rites, lui faire la politesse de partir immédiatement ; mais nous n’étions pas Chinois. — Oui, merci, lui répondîmes-nous, nous serons très-bien ici… Et puis nous lui vantâmes, avec une grande prodigalité d’expressions, la beauté et la magnificence de son tribunal, de ses salles, de ses appartements, etc. Le préfet se leva en disant qu’il était tard et qu’il allait faire préparer nos lits. Il ajouta, en nous saluant, que nous lui procurions un grand honneur en ne dédaignant pas de loger dans sa chétive habitation ; mais on voyait sur sa figure qu’il était furieux contre nous.

Aussitôt qu’il fut parti, nous nous installâmes fort commodément dans une vaste chambre qui avoisinait la salle de réception. La première partie de la nuit se passa fort paisiblement, mais il n’en fut pas ainsi de la dernière. Vers minuit, nous fûmes éveillés par une bruyante conversation. Les fonctionnaires de I-tchang-fou, qui probablement avaient fait collation ensemble au tribunal, s’étaient rendus ensuite dans la salle qui avoisinait notre chambre, et là, ils ne se faisaient pas faute de disserter librement sur notre compte. Les moindres détails de cette piquante conversation parvenaient