Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/433

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altérations. On a, en Europe, des idées bien étranges sur la prétendue immobilité de ce peuple. Des nouveautés introduites par la race conquérante sont souvent considérées comme des usages remontant à la plus haute antiquité, et procédant nécessairement du caractère chinois. Qui n’est, par exemple, convaincu que ce peuple a naturellement de l’antipathie contre les étrangers et qu’il s’est toujours appliqué à les tenir éloignés de ses frontières ? Cependant il n’est rien de plus inexact. Cet esprit exclusif et jaloux appartient plus particulièrement aux Tartares mantchous, et l’empire n’a été hermétiquement fermé aux étrangers que depuis leur domination.

Dans les siècles passés, les Chinois avaient des relations suivies avec tous les peuples de l’Asie. Les Arabes, les Persans, les Indiens ne trouvaient aucun obstacle pour venir trafiquer dans leurs ports ; ils pénétraient même dans l’intérieur et parcouraient librement les provinces. Ce Khorassanien et cet Arabe, qui s’en allaient en paix jusque dans la capitale demander audience à l’empereur, en sont une preuve incontestable. Le monument de Si-ngan-fou, dont nous avons cité l’inscription, témoigne que des missionnaires étrangers avaient prêché et pratiqué la religion chrétienne en toute liberté. Au treizième siècle, Marco-Polo y a été très-bien accueilli à deux époques différentes avec son père et son oncle. Quoique Vénitiens, ils y ont même exercé des fonctions publiques et de la plus haute importance, puisque Marco-Polo fut gouverneur d’une province. Vers cette même époque, il y avait à Péking un archevêque, et les cérémonies religieuses