Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la tournure bien guerrière ; cependant il n’y avait pas à se méprendre. Qu’on le vît par devant ou par derrière, il n’y avait qu’à lire l’inscription sur son dos ou sur sa poitrine, c’était un soldat ! Avec cet uniforme, ils prirent, l’un un fusil et l’autre un arc, puis ils se rendirent fièrement au champ de Mars.

Un instant après qu’ils furent partis, nous fermâmes à clef la porte de notre résidence et nous allâmes faire les curieux. Cette grande exhibition militaire devait avoir lieu en dehors de la ville, dans une vaste plaine sablonneuse qui s’étend le long des remparts ; les guerriers arrivaient de tous les côtés, par petites bandes : ils étaient accoutrés de toutes les façons, suivant la bannière à laquelle ils appartenaient ; leurs armes, qui se dispensaient de reluire aux rayons du soleil, étaient d’une grande variété ; il y avait des fusils, des arcs, des piques, des sabres, des tridents et des scies au bout d’un long manche, des boucliers en rotin et des coulevrines en fer, ayant pour affût les épaules de deux individus. Au milieu de cette bigarrure nous remarquâmes pourtant une certaine uniformité ; tout le monde avait une pipe et un éventail ; le parapluie n’était pas sans doute de tenue, car ceux qui en portaient un sous le bras étaient en minorité.

A une des extrémités du camp on avait élevé sur une éminence une estrade en planches, abritée par un immense parasol rouge, et ornée de drapeaux, de banderoles et de quelques grosses lanternes dont on n’avait nul besoin pour y voir, attendu que le soleil était tout resplendissant ; elles avaient peut-être un sens allégorique, et signifiaient probablement que les miliciens