Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/472

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que courir, tantôt d’un côté et tantôt d’un autre, sans but déterminé, et probablement parce qu’ils ne savaient trop que faire de leur personne ; nous ne pûmes nous tirer de l’esprit que nos deux chrétiens, le catéchiste et le jardinier, devaient nécessairement se trouver dans cette catégorie de soldats.

Tant que dure le combat, deux officiers, placés aux deux extrémités de l’estrade, agitent continuellement un drapeau, et indiquent, par la rapidité plus ou moins grande de ses mouvements, le degré de chaleur de l’action ; aussitôt que les drapeaux s’arrêtent, les combattants en font autant, et chacun retourne à son poste ou aux environs, car on n’y regarde pas de trop près.

Après cette grande bataille, on fit manœuvrer des compagnies d’élite qui paraissaient assez bien exercées ; leurs évolutions se faisaient pourtant toujours remarquer par une extrême bizarrerie. L’artillerie anglaise avait dû avoir bien beau jeu avec des ennemis dont l’habileté consiste à faire des cabrioles ou à se tenir longtemps en équilibre sur une jambe, à la façon des pénitents hindous. Les fusiliers et les archers s’exercèrent ensuite à tirer à la cible ; leur adresse fut remarquable. Les fusils chinois sont sans crosse, ils ont seulement une poignée comme les pistolets ; lorsqu’on tire le coup, on n’appuie pas l’arme contre l’épaule ; on tient le fusil du côté droit, à la hauteur de la hanche, et avant de faire tomber sur l’amorce un crochet qui soutient une mèche allumée, on se contente de bien fixer les yeux sur le but qu’on veut frapper. Nous avons remarqué que cette manière de faire avait un grand succès, ce qui prouverait peut-être que, pour bien tirer un coup