Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/51

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leur de dix sous dans une journée ; et, comme dans l’année il se rencontre un grand nombre de jours où ils ne trouvent pas à exercer leur industrie, ils ont une moyenne de six sous à dépenser journellement. Avec cela ils doivent se nourrir, se vêtir, se loger et trouver encore du superflu pour passer la majeure partie des nuits à jouer et à fumer l’opium. Il est vrai que, en Chine, la nourriture du peuple est d’un bon marché incroyable ; puis le porteur de palanquin est de sa nature un peu maraudeur, et il a le privilége de loger partout où il trouve un recoin, dans les pagodes, dans les auberges et autour des tribunaux. Pour ce qui est de son costume, il n’est pas, en général, très-compliqué : les sandale en paille de riz, un caleçon qui descend jusqu’à moitié cuisse… et voilà tout. Il a bien encore à son usage une courte camisole, mais il ne s’en affuble jamais qu’à demi. Le porteur de palanquin est, parmi les Chinois, un des types les plus originaux ; nous aurons occasion de l’étudier souvent dans le cours de ce voyage.

Sur le sommet de la montagne, nos porteurs prirent un peu de repos ; ils dévorèrent avec avidité quelques galettes de maïs et fumèrent plusieurs pipes de tabac. Pendant ce temps, nous contemplions en silence de gros nuages roux et gris qui tantôt se balançaient ou se traînaient pesamment sur les flancs de la montagne, et tantôt demeuraient immobiles, se dilatant, se gonflant peu à peu et semblant vouloir s’élever jusqu’à nous. Au-dessous des nuages on voyait se dessiner en miniature des groupes de rochers avec de profonds ravins, des torrents écumeux, des cascades et des vallons cultivés avec soin, où de grands arbres au noir et épais feuil-