Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/103

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et de respects jusqu’à l’entrée du tribunal, où, en effet, on avait préparé un très-beau palanquin. On l’invita à vouloir bien entrer dedans ; puis on se mit en route pour la capitale de la province, sous l’escorte des principaux lettrés de la ville.

Aussitôt qu’on fut arrivé, on se rendit tout droit au palais du vice-roi. Le principal représentant de Ping-fang lui présenta le préfet en disant : La ville de Ping-fang, en vous renvoyant ce premier magistrat, vous supplie très-humblement de lui en donner un autre ; pour celui-là, on n’en veut à aucun prix. Voilà l’humble requête de vos enfants… Et, en prononçant ces mots, il remit au vice-roi un long cahier en papier rouge, sur lequel se trouvait une supplique, suivi des nombreuses signatures des citoyens les plus importants de la ville de Ping-fang. Le vice-roi, après quelques signes de mécontentement, parcourut avec attention le cahier rouge et dit ensuite aux députés que, leurs réclamations étant fondées en raison, on y ferait droit ; qu’ils pouvaient s’en retourner en paix et annoncer à leurs concitoyens qu’ils auraient bientôt un préfet selon leurs désirs.

Au moment où nous arrivâmes à Ping-fang, il y avait seulement quelques heures que les députés étaient de retour de la capitale de la province, apportant l’heureuse nouvelle que leur démarche si pleine de hardiesse avait été couronnée d’un succès complet.

Des faits analogues se reproduisent assez fréquemment dans l’empire chinois. Il arrive souvent que des manifestations populaires, persévérantes et énergiques, font justice de la mauvaise administration des mandarins et forcent le gouvernement à respecter l’opinion publique.