Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/15

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forcé de nous aliter. On s’empressa d’aller chercher le médecin le plus renommé, disait-on, de la contrée, un homme accoutumé à faire des prodiges, et guérissant avec une admirable facilité toutes les maladies incurables. En attendant l’arrivée de ce merveilleux docteur auquel nous étions loin d’avoir une confiance absolue, les mandarins de notre escorte et ceux de Kuen-kiang-hien dissertaient avec beaucoup de science et de sang-froid sur les causes de notre maladie et les moyens à employer pour nous guérir.

Nous avons dit que tous les Chinois, en vertu de leur organisation, étaient essentiellement cuisiniers et comédiens ; nous pouvons ajouter qu’ils sont aussi tous un peu médecins. Chacun donc exposa son opinion sur notre état, dans les termes les plus techniques, et il fut arrêté par les membres officieux de cette faculté de rencontre que notre noble et illustre maladie provenait d’une rupture d’équilibre dans les esprits vitaux. Le principe igné, trop alimenté depuis longtemps par une chaleur excessive, avait fini par dépasser outre mesure le degré voulu de sa température. Il s’était donc allumé comme un incendie dans la sublime organisation de notre corps. Par conséquent, les éléments aqueux avaient été desséchés à un tel point, qu’il ne restait plus aux membres et aux organes l’humidité nécessaire pour le jeu naturel de leurs mouvements ; de là ces vomissements, ces douleurs d’entrailles et ce malaise général qu’on lisait clairement sur la figure et qui se manifestait par de violentes contorsions.

Afin de rétablir l’équilibre, il n’y avait donc qu’à introduire dans le corps une certaine quantité d’air froid,