Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/21

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d’ailleurs, paraissait assez grave pour laisser entrevoir que nous ferions un assez long séjour dans le pays, si toutefois même on n’était pas obligé de nous y choisir une demeure définitive au pied de quelque montagne. Tout cela, il faut en convenir, était de nature à leur créer du souci et de l’embarras.

Tous les étrangers étant partis, maître Ting nous demanda s’il fallait suivre l’ordonnance du docteur et faire préparer la médecine qu’il venait de nous prescrire ; au fond, nous n’avions pas une très-grande confiance en toutes ces drogues ni en l’habileté du praticien chinois ; mais que faire ? où chercher mieux ? à qui s’adresser dans cette triste circonstance ? Dieu seul pouvait prendre soin de nous ; c’est lui, nous dîmes-nous, qui est le maître de la vie et de la mort ; puisque sa toute-puissance a donné aux plantes des propriétés merveilleuses pour le soulagement des infirmités humaines, il peut bien accorder à ces drogues, peut-être insignifiantes, une vertu particulière, s’il est conforme à son bon plaisir que nous recouvrions la santé. Il nous ordonne, dans les saintes Écritures, d’honorer les médecins en cas de nécessité ; l’occasion ne saurait être plus favorable pour cela ; honorons donc le docteur chinois en nous conformant scrupuleusement à toutes ses prescriptions. Oui, sans doute, répondîmes-nous à maître Ting, il faut faire préparer la médecine comme il a été ordonné.

Un employé du palais communal alla faire l’acquisition de tous les ingrédients désignés chez le docteur même qui venait d’en dresser l’ordonnance. En Chine les médecins sont en même temps apothicaires, et vendent à leurs malades les remèdes qu’ils leur prescrivent ;