Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/22

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bien que ces états aient entre eux des relations très étroites, et que, par leur nature, ils ne soient nullement incompatibles, on conçoit, néanmoins qu’il peut y avoir quelque inconvénient à ce que le même individu exerce les deux à la fois. On entrevoit qu’il ne serait pas impossible de rencontrer quelques abus dans l’exercice de fonctions qui se prêtent mutuellement un si merveilleux appui ; ainsi, par exemple, est-il bien certain, vu la fragilité humaine, que le médecin ne succombera pas à la tentation de prescrire des remèdes coûteux, et même quelquefois de prolonger la maladie dans le but de procurer des profits plus considérables à son ami l’apothicaire ? La prodigieuse quantité de drogues qui entrent dans la composition des médecines chinoises nous a toujours frappé, et nous n’oserions pas assurer que cette particularité ne vient pas précisément de ce que c’est le même individu qui prescrit et vend les remèdes.

La crainte de se voir rançonner par l’avidité des médecins a donné naissance à un usage fort bizarre, mais qui entre parfaitement dans les goûts des Chinois. Le médecin et le malade se laissent aller à une sérieuse discussion touchant la valeur et le prix des remèdes indiqués. Les membres de la famille prennent part à ce singulier marchandage ; on demande des drogues communes, peu chères ; on en retranche quelques-unes de l’ordonnance, afin d’avoir moins à débourser. L’efficacité de la médecine sera peut-être lente ou douteuse ; mais on patientera et on courra la chance. On espère, d’ailleurs, que le retranchement ne gâtera rien ou qu’une dose plus ou moins considérable pourra obtenir à peu près le même résultat. Il faut convenir que, le plus souvent, il