Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/214

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des parents morts : c’est la religion extérieure des officiers et dos lettrés qui aspirent aux charges administratives ; mais, à leurs yeux, cette sorte de culte n’est qu’une institution sociale, sans conséquence, et dont le sens peut s’interpréter de différentes manières. Ce culte ne connaît pas d’images et n’a pas de prêtres ; chaque magistrat le pratique dans la sphère de ses fonctions, et l’empereur lui-même en est le patriarche. Généralement, tous les lettrés et ceux qui ont la prétention de le devenir s’y attachent, sans renoncer toutefois à des usages empruntés aux cultes. Mais la conviction n’entre pour rien dans leur conduite, et l’habitude seule les soumet à des pratiques qu’ils tournent eux-mêmes en ridicule, comme la distinction des jours heureux et malheureux, les horoscopes, la divination par les sorts, et une foule d’autres superstitions du même genre, qui ont une grande vogue dans tout l’empire.

On peut dire que tout ce qu’il y a de moins vague et de plus sérieux dans la religion des lettrés est absorbé par le culte de Confucius lui-même. Sa tablette est dans toutes les écoles ; les maîtres et les élèves doivent se prosterner devant ce nom vénéré au commencement et à la fin des classes ; son image se trouve dans les académies, dans les lieux où se réunissent les lettrés et où l’on fait subir les examens littéraires. Toutes les villes ont des temples élevés en son honneur, et plus de trois cents millions d’hommes le proclament, d’une voix unanime, le saint par excellence. Jamais, sans contredit, il n’a été donné à aucun mortel d’exercer, pendant tant de siècles, un si grand empire sur ses semblables, d’en recevoir des hommages qui se traduisent en véritable culte, quoique