Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/216

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« J’ai soumis à un examen approfondi la doctrine d’un philosophe très-célèbre à la Chine, fort peu connu en Europe, et dont les écrits, très-obscurs, et, par conséquent, très-peu lus, n’étaient guère mieux appréciés dans son pays, où on les entendait mal, que dans le nôtre où l’on en avait à peine ouï parler.

« Les traditions qui avaient cours au sujet de ce philosophe, et dont on devait la connaissance aux missionnaires, n’étaient pas de nature à encourager des recherches sérieuses. Ce qu’on savait de plus positif, c’est que ce sage, qu’une des trois sectes de la Chine reconnaît pour son chef, était né il y a environ deux mille quatre cents ans, et qu’il avait fait un ouvrage qui est venu jusqu’à nous, sous le titre pompeux de Livre de la raison et de la vertu[1]. De ce titre est venu celui de ses sectateurs, qui s’appellent eux-mêmes docteurs de la raison, et qui soutiennent par mille extravagances cette honorable dénomination. C’est d’eux qu’on avait appris que la mère de leur patriarche l’avait porté neuf ans dans son sein, et qu’il était venu au monde avec les cheveux blancs, ce qui lui avait valu le nom de Lao-tze, « vieil enfant, » sous lequel on a coutume de le désigner. On savait encore que, vers la fin de sa vie, ce philosophe était sorti de la Chine, et qu’il avait voyagé bien loin à l’Occident, dans des pays où, suivant les uns, il avait puisé ses opinions, et où, selon les autres, il les avait enseignées. En recherchant les détails de sa vie, j’ai rencontré beaucoup d’autres traits

  1. Stanislas Julien en a donné une traduction qui, comme tous les travaux de ce savant sinologue, est marquée au coin d’une rare perfection.