Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/220

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incréé, qui est le type de l’univers et n’a de type que lui-même. Ainsi que Pythagore, il regarde les âmes humaines comme des émanations de la substance éthérée qui vont s’y réunir à la mort, et, de même que Platon, il refuse aux méchants la faculté de rentrer dans le sein de l’âme universelle. Avec Pythagore, il donne aux premiers principes des choses les noms des nombres, et sa cosmogonie est, en quelque sorte, algébrique. Il rattache la chaîne des êtres à celui qu’il appelle un, puis a deux, puis à trois, qui, dit-il, ont fait toutes choses. Le divin Platon, qui avait adopté ce dogme mystérieux, semble craindre de le révéler aux profanes ; il l’enveloppe de nuages dans sa fameuse lettre aux trois amis ; il l’enseigne à Denys de Syracuse ; mais par énigmes, comme il le dit lui-même, de peur que, ses tablettes venant, sur terre ou sur mer, à tomber entre les mains de quelque inconnu, il ne puisse les lire et les entendre. Peut-être le souvenir récent de la mort de Socrate contribuait-il à lui imposer cette réserve. Lao-tze n’use pas de tous ces détours, et ce qu’il y a de plus clair dans son livre, c’est qu’un être trine a formé l’univers…. »

Cette dernière pensée confirme tout ce qu’indiquait déjà la tradition d’un voyage de Lao-tze dans l’Occident, et ne laisse aucun doute sur l’origine de sa doctrine. Vraisemblablement, il la tenait ou des Juifs des dix tribus, que la conquête de Salmanazar venait de disperser dans toute l’Asie, ou des apôtres de quelque secte phénicienne à laquelle appartenaient aussi les philosophes qui furent les maîtres et les précurseurs de Pythagore et de Platon. En un mot, nous retrouvons dans les