Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la nation dans ce scepticisme qui la ronge et opère sa dissolution avec une si effrayante activité. Il nous reste un recueil de sentences composées par l’empereur Khang-hi, pour l’instruction du peuple. Young-tching, qui succéda à Khang-hi sur le trône impérial, a fait, sur chacune des sentences de son père, des commentaires destinés à être lus en public par les magistrats.

L’un des points sur lesquels le prince commentateur insiste avec le plus de force, c’est l’éloignement pour les fausses sectes, ou plutôt pour toutes les religions. Il les passe en revue, les critique et les condamne toutes, sans exception. Celle du bouddhisme, la plus répandue en Chine, est surtout l’objet de son improbation. Il parle avec mépris des dogmes sur lesquels elle repose ; il en tourne les pratiques en dérision. Les bouddhistes, comme les autres partisans des sectes indiennes, attachent beaucoup d’importance à certains mots ou à certaines syllabes qu’ils répètent perpétuellement, croyant se purifier de tous leurs péchés par l’articulation seule de ces saintes syllabes et faire leur salut par cette dévotion aisée. Le commentateur impérial raille assez malicieusement cet usage. — Supposez, dit-il, que vous ayez violé les lois en quelque point, et que vous soyez conduit dans la salle du jugement pour y être puni ; si vous vous mettez à crier, à tue-tête, plusieurs milliers de fois, Votre Excellence ! Votre Excellence ! croyez-vous que, pour cela, le magistrat vous épargnera ? — Ailleurs, la similitude ne tend à rien moins qu’à détruire toute idée d’un culte ou d’un hommage quelconque à rendre à la Divinité. C’est une véritable prédication d’athéisme adressée par le souverain à ses sujets. — Si vous ne