Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/239

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veut ainsi ; et puis tout le monde finit par répéter en chœur : Pout-toun-kiao, toun-ly, Les religions sont diverses, la raison est une ; nous sommes tous frères… » Cette formule, qui est sur les lèvres de tous les Chinois, et qu’ils se renvoient les uns aux autres avec une exquise urbanité, est l’expression bien nette et bien précise de l’estime qu’ils font des croyances religieuses. À leurs yeux, les cultes sont tout bonnement une affaire de goût et de mode ; on ne doit pas y attacher plus d’importance qu’à la couleur des vêtements.

Le gouvernement, les lettrés, le peuple, tout le monde regardant les religions comme choses futiles et de nul intérêt, on comprend qu’il doit régner, en Chine, une tolérance incomparable pour toute espèce de culte. Les Chinois jouissent, en effet, sur ce point, d’une grande liberté, pourvu, toutefois, que l’autorité ne se persuade pas que, sous prétexte d’association religieuse, on cache un but politique et nuisible à l’Etat. C’est pour ce seul motif, comme nous l’avons déjà dit, que le christianisme est réprouvé et persécuté par les magistrats.

Nul ne songe à tourmenter les bonzes et les tao-sse. On les laisse vivre dans la misère et dans l’abjection au fond de leur demeure, sans que personne s’occupe d’eux, à l’exception de quelques rares adeptes qui vont quelquefois consulter les sorts, brûler un peu de papier peint et des bâtons de parfums aux pieds des idoles ou commander quelques prières, dans l’espérance de faire immédiatement une grosse fortune. Les modiques aumônes qu’ils reçoivent, en ces circonstances, seraient insuffisantes pour leur entretien, s’ils négligeaient d’y joindre les produits de quelque industrie particulière. La plupart