Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/253

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dans la magistrature, s’était résigné à retarder son retour dans son pays natal, dans l’espoir que son influence auprès des premiers fonctionnaires de la ville pourrait obtenir pour son fils aîné un petit mandarinat. Cet aspirant avait le simple grade de bachelier ; il était marié et père de trois enfants.

Pendant ces deux années d’attente, les espérances du vieux mandarin ne s’étaient pas encore réalisées, et son fils aîné, au lieu d’être promu aux fonctions publiques, avait contracté une maladie qui devait le conduire au tombeau. Lors de notre arrivée dans l’établissement, nous trouvâmes cette pauvre famille plongée dans la désolation ; l’état du malade était tellement grave, qu’on se disposait déjà à lui préparer un cercueil. La mort de ce jeune lettré devait être, pour tous les membres de la famille, un terrible événement ; car il en était l’espoir et le soutien.

Dès la première nuit que nous passâmes dans notre nouveau logement, le Jardin de la porte occidentale retentit de cris et de détonations de pétards, qui se faisaient entendre tantôt sur un point, tantôt sur un autre, mais sans interruption. Tout ce tumulte avait pour but de sauver le moribond. Les Chinois pensent que la mort est le résultat de la séparation définitive de l’âme d’avec le corps. Jusque-là, ils sont dans le vrai. La gravité de la maladie est toujours en raison directe des tentatives que fait l’âme pour s’échapper ; et, lorsque le malade éprouve de ces crises terribles qui mettent ses jours en péril, c’est une preuve qu’il y a des absences momentanées ; que l’âme s’éloigne à une certaine distance, mais pour rentrer bientôt. L’éloignement n’est pas tellement