Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/252

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Il est certain que les gens honnêtes et tant soit peu jaloux de leur réputation évitent d’y mettre les pieds.

De tout ce que nous venons de dire sur l’état actuel des divers cultes admis en Chine et de la position de leurs ministres, il est permis de conclure que les Chinois vivent absolument sans religion. Il leur reste encore quelques pratiques superstitieuses auxquelles ils se livrent plutôt par habitude que par conviction, et dont on les voit se détacher journellement avec une extrême facilité. Les croyances religieuses n’entrent pour rien dans la législation, et les magistrats n’en parlent plus que pour les tourner en dérision. L’idée d’un gouvernement athée, d’une loi athée, qu’on avait essayé de préconiser en France du haut de la tribune de la Chambre des députés, se trouve réalisée en Chine, et on ne remarque pas que ce peuple y ait beaucoup gagné en grandeur et en prospérité.

Durant notre séjour à Ou-tchang-fou, dans l’établissement nommé Si-men-yuen, « Jardin de la porte occidentale, » nous fûmes témoin d’un événement où nous vîmes comment les Chinois savent concilier les pratiques superstitieuses avec leur défaut de convictions religieuses. Nous avons dit que ce vaste établissement, où nous attendions le jour de notre départ, avait plusieurs locataires de diverses conditions. En face des départements qu’on nous avait assignés, dans une grande cour, était un autre corps de logis construit avec une certaine élégance. Un vieux mandarin retraité et sa nombreuse famille l’occupaient depuis deux ans. Ce mandarin, qui avait exercé à Ou-tchang-fou une charge importante