Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/277

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pouvaient se convenir. Les antipathies de caractère ne tardent pas à se manifester, et peu à peu naissent les répulsions invincibles et les haines profondes. De là, des querelles perpétuelles, des rixes et souvent des batailles sanglantes. Sauf quelques rares exceptions, la femme est toujours victime. Des privations de tout genre et de tous les jours, des invectives, des malédictions, et, de temps en temps, des coups, qu’elle doit recevoir en patience, voilà son partage. Dans certaines localités, battre sa femme est une chose tellement à la mode et de bon ton, que les maris se garderaient bien d’y manquer. Se montrer négligent sur ce point, serait afficher sa niaiserie, compromettre sa dignité d’homme et laisser voir à tout le monde qu’on ne comprend rien à ses prérogatives.

Un jour nous étions chez une famille chinoise que nous connaissions très-particulièrement. Il s’était formé une nombreuse réunion autour d’une jeune femme qui était sur le point de rendre le dernier soupir. Peu de jours auparavant elle était l’image de la santé. En ce moment, elle n’était plus reconnaissable, tant elle avait la figure ensanglantée et meurtrie de coups ; elle ne pouvait ni se mouvoir, ni articuler une seule parole. Ses yeux noyés de larmes et les violents battements de son cœur indiquaient combien étaient atroces les douleurs dont elle était accablée… Nous demandâmes des explications sur les causes de ce déchirant spectacle. — C’est son mari, nous répondit-on, qui a réduit en cet état cette pauvre créature… Le mari était là, morne, silencieux, presque hébété, et les yeux fixés sur sa malheureuse victime. — Quel motif a donc pu te porter à un