Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/29

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et l’on voit ordinairement se former une auréole rouge. Le malade ressent alors des élancements qui se dirigent vers la pointe des contractions musculaires, de l’engourdissement suivant le trajet des gros cordons nerveux, des tremblements fébriles. Il n’est pas rare de voir survenir des sueurs répandues sur la partie de la peau qui répond au siège de la douleur. Cette dernière a, dès lors, cessé, ou se trouve diminuée ou transportée. C’est encore vers ce temps que surviennent les défaillances plus ou moins prononcées, plus ou moins durables, et qu’on ne saurait guère attribuer à la douleur produite par la piqûre, puisqu’elles ont lieu après que la sensation douloureuse a disparu ; c’est même là le seul accident qu’on voit communément résulter de l’acupuncture. Il y aurait à craindre, peut-être, des blessures graves et des suites funestes, si l’aiguille traversait de gros troncs nerveux, des artères, ou les organes essentiels de la vie. Quelques chirurgiens ont prétendu que l’extrême ténuité des aiguilles garantissait de ces inconvénients. Quoiqu’on ait fait plusieurs expériences sur des animaux et qu’on leur ait traversé sans le moindre accident l’estomac, le poumon et même le cœur, il n’en est pas moins vrai que de pareilles tentatives pourraient occasionner des malheurs irrémédiables.

Il est probable que les Chinois et les Japonais, ne connaissant pas l’anatomie, et n’ayant que des idées vagues et erronées sur l’organisation du corps humain, doivent souvent obtenir de bien funestes résultats dans leurs opérations. Cependant l’acupuncture n’est pas pratiquée chez eux sans règle et sans méthode, ni tout à fait abandonnée au caprice des hommes qui l’exercent.