Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/294

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pour continuer la procédure de son fameux criminel.

Quoiqu’il fût déjà tard et que nous n’eussions encore pris dans la journée qu’une légère collation, nous nous trouvions médiocrement disposés à nous mettre à table. L’appétit s’en était allé au milieu de tout ce que nous avions vu et entendu depuis que nous étions entrés au prétoire. Nous demandâmes au magistrat s’il verrait quelque inconvénient à nous permettre d’assister un instant au jugement. Notre désir parut le surprendre et l’embarrasser un peu. Après quelques minutes de réflexion, il nous dit : Si vous entrez dans la salle, je crains que votre présence ne soit pour tout le monde un sujet de préoccupation. On n’a jamais vu dans ces contrées, d’hommes des pays occidentaux. Les officiers du tribunal pourraient difficilement apporter à leurs fonctions l’application convenable. Cependant vous pouvez, si vous le désirez, rester dans ce cabinet ; d’ici, il vous sera facile de tout voir et de tout entendre, sans être aperçus de personne. Il appela aussitôt un domestique auquel il ordonna d’ouvrir une large fenêtre et d’abaisser un treillis en bambou. Pendant que nous nous arrangions derrière cette grille, le juge rentra dans la salle, monta sur son siège et la séance recommença, quand les satellites, les bourreaux et les officiers du tribunal eurent crié par trois fois : Qu’on soit modeste et respectueux !

Après avoir rapidement parcouru des yeux quelques pages d’un long cahier manuscrit qui, sans doute, était une des pièces du dossier, le juge chargea un fonctionnaire, qui se tenait debout à sa gauche, de demander à l’accusé s’il ne connaissait pas un nommé Ly-fang, qui exerçait autrefois le métier de forgeron dans un