Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne sont pas distingués par des services éminents rendus à l’Etat, seront recommandés aux bontés de l’empereur, comme dignes de plus grands honneurs, ces officiers et ceux qui les auront recommandés seront mis en prison et condamnés à être décapités[1].

« Les adresses envoyées à l’empereur en faveur d’un des grands officiers de l’État sont considérées comme prouvant l’existence d’une machination traîtresse, subversive du gouvernement, et leurs auteurs sont punis de mort, ainsi que l’officier, objet de la lettre, s’il a participé au délit[2]. »

Cette sévérité excessive ne saurait avoir seulement pour but de couper court à l’intrigue, et d’empêcher des ambitieux incapables d’arriver aux premiers emplois de l’Etat ; la loi veut principalement s’opposer à ce que la moindre atteinte soit portée au pouvoir de l’empereur. Dans un vaste empire comme la Chine, et avec des populations que ne retient pas le frein de la religion et de la morale, on comprend que la souveraineté soit ombrageuse, et qu’elle tremble en quelque sorte devant ces grands fonctionnaires, dépositaires d’un pouvoir qui leur permettrait, s’ils l’osaient, de secouer le joug et de compromettre la solidité du trône. Aussi la loi chinoise est-elle d’une sévérité outrée pour le plus léger manquement au respect dû à l’empereur. Il est défendu, sous peine de quatre-vingts coups de bambou, d’employer, dans une adresse à l’empereur, le nom appellatif de Sa Majesté ; sous peine de quarante coups, de s’en servir dans une instruction au peuple ; sous

  1. Tome I, p. 95.
  2. Tome I, p. 113.