Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/341

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but est de faire connaître le Chan-ty, « le souverain Seigneur, » et de conduire « l’homme vers lui. » Toutes ces formules sont remarquables, et indiquent, d’une manière évidente, que la musique était l’expression du culte religieux rendu par les anciens Chinois à la Divinité. Dès lors, on comprend la haute importance qu’on y attachait dans l’antiquité ; mais aujourd’hui, comme le remarque le philosophe Yang-siou, que nous avons cité plus haut, la musique, c’est-à-dire la religion, n’est plus qu’un nom vide et sans réalité.

La ville de Hoang-meï-hien voulut nous traiter splendidement et faire les choses en grand jusqu’au bout. Le lendemain matin, au moment du départ, le préfet et ses principaux fonctionnaires se trouvèrent là. On avait ajouté à notre escorte trente hommes commandés par deux petits mandarins militaires. Cette escouade de soldats était rangée dans la cour, et la tenue de ces braves avait un aspect peu ordinaire ; ils portaient tous un costume à peu près semblable, et ils n’étaient pas trop dispersés. On les voyait groupés dans un coin, les uns accroupis, les autres appuyés contre le mur et occupés à fumer ou à se donner de la fraîcheur avec un éventail. Le vexillaire seul était d’une attitude irréprochable. Il paraissait comprendre et sentir tout ce qu’il y avait de sublime dans ses fonctions. Il tenait gravement de ses deux mains une longue hampe en bambou au sommet de laquelle flottait un drapeau triangulaire de couleur rouge, sur lequel était écrit d’un côté : Milice de Hoang-meï-hien, et de l’autre : Bravoure. Au moment où nous traversâmes la cour, accompagnés des autorités de la ville, nous fûmes salués par trois détonations de bombardes.